Apprendre avec la réalité virtuelle
Publié le 16 avril 2019 par Nathalie Couzon
Comment tirer parti de l’innovation technologique pour mieux réussir, faire vivre des expériences positives à l’école et engager davantage les élèves à s’investir dans leur scolarisation et la réalisation de leur plein potentiel? C’est ce à quoi une étude récente, publiée dans le Research in Learning Technology Journal, s’est intéressée en comparant les résultats obtenus par des étudiants de l’Université de Warwick (Royaume-Uni) lorsqu’ils utilisaient des casques de réalité virtuelle plutôt que des manuels scolaires classiques ou des vidéos sur ordinateur dans un cours de biologie.
Pixabay/yohoprashant
Réalité virtuelle, performance scolaire et motivation
L’apprentissage expérientiel est une façon d’apprendre dans l’action.
John Dewey, Expérience et éducation, 1938
[Traduction libre]
Dans le cadre de cette étude, une centaine d’étudiants de première année en psychologie âgés en moyenne de 19 ans ont suivi le même cours de biologie en utilisant différents matériels didactiques, soit des manuels scolaires, des casques de réalité virtuelle ou une vidéo 2D.
Chaque participant a été soumis à un test de connaissances avant et après le cours. L’analyse comparative des résultats obtenus par les étudiants lors de ces deux tests a montré que ceux qui avaient utilisé la vidéo avaient obtenu une moins grande amélioration de leurs résultats dans le deuxième test (16,1 %) que ceux qui avaient suivi la leçon avec les manuels scolaires (24,5 %) ou avec les casques de réalité virtuelle (28,5 %). Ces derniers ont également montré de meilleures performances de mémorisation. Cependant, l’utilisation de casques virtuels n’a eu aucun effet sur la compréhension du contenu comparativement à l’usage de manuels scolaires.
En plus d’évaluer le niveau d’apprentissage des étudiants, les chercheurs ont aussi mesuré leurs réactions émotionnelles positives ou négatives (ex. : plaisir, intérêt ou, a contrario, peur, anxiété) qui sont considérées comme un élément important du rendement scolaire. Ils ont enfin évalué leur engagement en leur demandant, par exemple, si le matériel utilisé les avait aidés à apprendre un nouveau concept, ou encore s’ils aimeraient l’utiliser à nouveau. Là encore, la recherche fait état que la réalité virtuelle rendait l’apprentissage plus stimulant et que les étudiants prenaient davantage plaisir à apprendre de cette façon, même s’ils ont eu quelques difficultés à se familiariser avec l’outil.
Bien que l’étude démontre les avantages à long terme de la réalité virtuelle sur l’apprentissage, les chercheurs soulignent que ces résultats positifs peuvent être en partie attribuables à la nouveauté de l’équipement technologique. Ils notent également que les résultats obtenus dans cette étude pourraient s’améliorer avec le temps, à mesure qu’on se familiarisera avec l’équipement et son utilisation.
[Rendre l’invisible visible grâce à la réalité augmentée]
Potentiel de la réalité virtuelle
Le casque, qui permet à l’utilisateur de voir – et dans certains cas, d’entendre – un espace 3D, l’immerge complètement dans l’environnement virtuel, qui remplace l’environnement physique qui l’entoure, ce qui permet un traitement différent de l’information pour l’utilisateur, un apprentissage plus actif, et aussi une attention plus grande sur la tâche qu’il a à accomplir.
En éducation, la réalité virtuelle peut donc être particulièrement pertinente dans certaines matières reposant largement sur des supports visuels, comme la géographie ou les sciences, car l’expérience immersive semble plus adaptée qu’un livre imprimé. Ainsi, les jeunes peuvent explorer des espaces physiques (visites de musées, reconstitutions d’évènements ou de sites historiques) ou encore développer leurs compétences manuelles sans se mettre en danger ni risquer d’abîmer les locaux ou le matériel, et tout ceci dans une atmosphère plus ludique. De plus, l’immersion et l’engagement peuvent être considérés comme intrinsèquement liés dans les environnements virtuels, ce qui explique l’intérêt accru pour ce type d’environnement d’apprentissage.
Même si, dans le cadre de cette étude, le coût de la technologie utilisée reste assez élevé, cette dernière permet de vivre des expériences qu’il serait impossible de reproduire dans la réalité en raison du coût que l’investissement représente. D’après les chercheurs, on gagnerait donc à en équiper minimalement les salles de classe pour enrichir et varier les méthodes d’apprentissage, et développer de nouvelles expériences d’apprentissage qui n’ont jamais été réalisées auparavant. Il serait aussi intéressant d’étudier comment la réalité virtuelle peut être utilisée dans des contextes hors de la salle de classe, comme dans le cadre de l’apprentissage à distance ou de l’autoformation.
[Modifier les apprentissages au 21e siècle]
[Pour consulter la recherche : https://journal.alt.ac.uk/index.php/rlt/article/view/2140/pdf_1]